Certification professionnelle

Objectifs et contexte de la certification :

L’apprentissage et la pratique de l’art de la danse font appel à une éducation artistique mettant en jeu le corps. Ces activités peuvent entraîner des risques physiologiques importants notamment pour les plus jeunes. C’est la raison pour laquelle un diplôme d’État obligatoire pour l’enseignement de la danse a été institué par la loi du 10 juillet 1989, dont la mise en œuvre a été confiée au ministère de la Culture. Cette loi répond à un double objectif : Assurer aux élèves et aux familles, par la création d’un diplôme d’État, une réelle garantie de la qualification des enseignants des danses classiques, contemporaines et jazz, et instaurer des normes précises minimales quant aux locaux où est dispensé tout enseignement de la danse, sur le plan technique, de la sécurité et de l’hygiène. 

Ces informations constituent les premières lignes du texte de présentation de la loi relative à l’ enseignement de la danse en France. Celle-ci stipule le contenu de la formation du diplôme d’État de professeur de danse dans lequel est inscrit l’analyse fonctionnelle du corps dans le mouvement dansé – AFCMD - . Cet enseignement de 80 heures est compris dans le cursus des 600 heures de la formation menant au diplôme d’État. (cf. texte de loi de 1989 /document UV de pédagogie – programme). 

Le dictionnaire de la danse, paru en 1999 sous la direction de Philippe Le Moal aux éditions Larousse donne la définition suivante : « l’AFCMD est une discipline favorisant la compréhension et l’intégration des mouvements en danse… L’AFCMD offre une approche à la fois esthétique et fonctionnelle de la danse, complémentaire au travail habituel du danseur, du pédagogue et du chorégraphe" (cf. définition de l’AFCMD). 

Cette compétence pédagogique indispensable a amené le ministère de la culture à identifier les personnes ressources, reconnues spécialistes en AFCMD à dispenser cette discipline reconnue comme élément fondateur de l’enseignement de la danse en France. C’est la raison pour laquelle, après la parution de la loi et jusqu’en 2008, une offre de formation diplômante a été mise en place. Les personnes ressources diplômées durant cette période sont à présent en voie d’arrêt de leur activité professionnelle compte tenu de leur âge. (cf. texte de loi de 1989 /liste personnes ressource).

La publication du nouveau SNOP en septembre 2023, qui encadre l’enseignement artistique dans les conservatoires, relance le besoin d’intervenants qualifiés pour l’enseignement des méthodologies corporelles, et donc la nécessité de former en AFCMD, une nouvelle génération de professionnels pour répondre à ces enjeux.

Dans ce contexte, la certification « Enseigner l’analyse fonctionnelle du corps dans le mouvement dansé (AFCMD) dans différents contextes chorégraphiques » vise à :

1. Enseigner l’AFCMD dans les formations en danse

• Adapter les contenus d’enseignement de l’AFCMD selon le niveau, les objectifs pédagogiques et le public visé (formation initiale, formation continue, préparation aux diplômes d’État et Certificat d’Aptitude).
• Transmettre les principes fondamentaux de l’AFCMD en lien avec les enjeux artistiques, physiologiques et expressifs de la danse.
• Élaborer des séquences pédagogiques articulant observation, verbalisation, expérimentation et mise en mouvement.
• Évaluer les acquis des apprenants et adapter la progression pédagogique en conséquence.

2. Enseigner l’AFCMD dans des contextes variés

• Identifier les spécificités de publics non-danseurs et adapter la démarche AFCMD à des objectifs de bien-être, de prévention des blessures ou de développement corporel.
• Concevoir et animer des ateliers autour de la perception du corps, de l’économie du geste et de la conscience du mouvement.
• Mobiliser l’AFCMD dans divers champs d’activité : arts du cirque, pratiques martiales, pratique musicale, théâtre, approche thérapeutique…etc.).

3. Contribuer à l’intégration de l’AFCMD au sein de divers dispositifs de formation

• Construire un programme pédagogique en AFCMD en lien avec des équipes pluridisciplinaires ou des cursus existants.
• Coordonner les interventions pédagogiques dans une logique de parcours de formation cohérent.
• Concevoir des outils d’analyse, de suivi et d’évaluation des apprentissages.

4. Intervenir comme expert ou jury dans le milieu chorégraphique professionnel

• Participer à l’évaluation des compétences professionnelles dans le cadre de jurys pour le Diplôme d’État (DE) ou le Certificat d’Aptitude (CA) de professeur de danse.
• Apporter un regard expert lors de recrutements ou d’évaluations dans les structures d’enseignement spécialisé ou supérieur en danse.

5. S’inscrire dans des projets artistiques et/ou de recherche

• Contribuer à la création chorégraphique en tant que partenaire du chorégraphe ou de l’interprète, en apportant une expertise en AFCMD.
• S’inscrire dans une dynamique de recherche-action en lien avec des enseignants-chercheurs ou institutions académiques autour du corps dans le mouvement dansé.
• Produire des analyses réflexives et critiques sur la place et les apports de l’AFCMD dans la formation, la création ou la transmission artistique.

Compétences attestées :

- Mobiliser les fondamentaux de l’AFCMD (connaissances scientifiques, références philosophiques et pratiques somatiques) afin d’assurer une transmission rigoureuse, contextualisée et sensible des principes de l’AFCMD, au service de la pédagogie et de la prévention des troubles liés à la pratique corporelle.

- Concevoir et mettre en œuvre des séances d’AFCMD adaptées aux caractéristiques et besoins de publics diversifiés (amateurs, professionnels, artistes chorégraphiques, personnes en formation initiale ou continue, en situation de handicap…), afin d’assurer une transmission contextualisée, cohérente et accessible des principes fondamentaux de l’AFCMD.

- Mobiliser une approche sensori-motrice et des techniques d’exploration somatique (Feldenkrais, Alexander, gymnastique holistique, etc.) afin de transmettre une prise de conscience corporelle et d’améliorer la qualité du mouvement dansé.

- Transmettre les bases scientifiques liées au corps en mouvement (anatomie fonctionnelle, biomécanique, physiologie, etc.) afin de favoriser chez l’apprenant une compréhension et interprétation fine et une autonomie dans son apprentissage.

- Mobiliser les connaissances sur le développement moteur de l’enfant afin d’éclairer le processus d’apprentissage des coordinations dans le cadre du mouvement dansé.

- Adapter le travail du mouvement en fonction des caractéristiques des publics (âge, personnes en situation de handicap, limitations physiques, niveau technique, discipline artistique) afin d’optimiser le geste technique et/ou expressif.

- Mobiliser et exploiter des outils d’observation et d’analyse du mouvement dansé afin d’accompagner les processus d’enseignement, de création et d’interprétation, à partir d’une lecture fine et structurée du geste dansé.

- Observer, repérer et prévenir les attitudes pathogènes afin de garantir l’intégrité physique et psychique des apprenants et prévenir les blessures en contexte artistique et pédagogique.

- Stimuler et développer la créativité artistique et l’inventivité afin d’enrichir la pratique professionnelle (création chorégraphique, interprétation, transmission…).

- Animer une dynamique de groupe interactive et renforcer les échanges entre les apprenants afin de favoriser la compréhension, l’acquisition et l’intégration du geste technique et expressif en danse.

- Utiliser des supports pédagogiques variés et adaptés (rédactionnels, visuels, numériques et matériels) afin de faciliter la compréhension, l’analyse et l’appropriation du mouvement dansé par les apprenants.

- Mobiliser une posture d’enseignant-chercheur afin de construire une démarche pédagogique et artistique fondée sur des références théoriques, pratiques et contextuelles.

- Évaluer les acquis et compétences en AFCMD afin de participer à des jurys de sélection et de certification.

Modalités d'évaluation :

EPREUVE CERTIFICATIVE devant un jury composé de 5 membres : un inspecteur du ministère de la Culture, deux spécialistes en AFCMD, une personnalité du champ chorégraphique, et du directeur de l’établissement pôle Aliénor ou de son représentant. 

Celle-ci consiste à :
-    la production d'un document sous forme de mémoire
Trois semaines avant le début de l'épreuve certificative, le candidat remet au jury un document écrit sous forme de mémoire. Ce travail doit témoigner de sa capacité à interroger de manière réflexive les enseignements reçus au cours de la formation, à formuler une problématique pertinente en lien avec les principes et les enjeux de l’AFCMD, et à structurer une pensée critique et argumentée. Ce mémoire (entre 30 et 40 pages comportant textes, photos et liens vidéo) constitue un support de référence pour l’évaluation de la maturité professionnelle du candidat, de sa capacité d’analyse, ainsi que de sa compréhension des articulations entre théorie, pratique et transmission.
-    une mise en situation professionnelle (durée: 90 minutes) : Le candidat conçoit, structure et dispense un cours d’AFCMD à destination d’un groupe d’élèves-sujets danseurs, sélectionnés en fonction de leur niveau technique. Ce cours, d’une durée de 90 minutes, s’appuie sur une thématique relevant de l’AFCMD, choisie par le candidat. Il constitue une mise en situation professionnelle permettant d’évaluer l’appropriation et la mobilisation des connaissances théoriques, des compétences pédagogiques (savoir-faire) ainsi que des attitudes professionnelles (savoir-être) du candidat dans un contexte réel d’enseignement.
-    entretien individuel oral (durée : 30 minutes)
Cet entretien permet au jury d’interroger le candidat sur la prestation réalisée lors de la mise en situation pédagogique, et sur son mémoire. Il vise à approfondir l’analyse du travail accompli, à explorer les axes de progression identifiés par le candidat et à évaluer les savoirs et connaissances qui n’auraient pas pu être pleinement mobilisés ou observés durant la situation professionnelle ou dans son mémoire. Le candidat est amené à expliciter et justifier ses choix pédagogiques, à identifier les facteurs ayant contribué à la réussite ou aux limites de sa prestation, et à mobiliser de manière argumentée ses connaissances théoriques et pratiques pour répondre aux questions du jury. L’entretien peut également permettre d’évaluer la capacité du candidat à appréhender les logiques et exigences d’un processus d’évaluation, notamment dans le cadre de jurys ou d’auditions professionnelles.

Pour valider l'épreuve, le candidat doit obtenir une note égale ou supérieure à 10/20