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France compétences a publié en janvier 2023 son premier rapport sur l’usage des fonds de la formation professionnelle. Celui-ci a pour objectif de donner une image claire des coûts et des résultats obtenus par les grands dispositifs de formation professionnelle. Mais il s’intéresse également aux enjeux méthodologiques d’une telle démarche, et notamment à la mesure de la valeur ajoutée des formations. Quelles sont les précautions à prendre pour l’évaluer ? Comment appréhender la diversité des formations ? Quels indicateurs choisir ? Ces questionnements font l’objet d’une fiche dédiée, dont voici quelques-uns des principaux enseignements.

 

UN RAPPORT PENSÉ COMME UN OUTIL SYNTHÉTIQUE D’AIDE À LA DÉCISION

 

Ce premier rapport sur l’usage des fonds de la formation professionnelle s’adresse prioritairement aux décideurs publics et paritaires. Il a pour ambition de leur fournir une image fiable des coûts des formations, afin qu’ils puissent les confronter à la qualité de l’offre proposée et à la valeur d’usage pour les entreprises et les actifs. Il offre ainsi des éclairages factuels sur les débats autour de l’efficience du système.

 

Concrètement, France compétences s’intéresse à l’ensemble des financements publics et mutualisés, et propose des fiches thématiques sur chacun des grands dispositifs : apprentissage, contrat de professionnalisation, compte personnel de formation, etc. Fruit de la synthèse de différentes études, le rapport donne une vision des coûts unitaires (par exemple, 23 400 euros par contrat d’apprentissage en 2021), ainsi que des indicateurs de résultat et de valeur ajoutée.

 

L’IMPACT DE L’HORIZON TEMPOREL DE MESURE

 

Autre point décisif : l’horizon temporel de mesure, qui a un impact majeur sur la nature des résultats. Si, dans un premier temps, la formation retarde le retour à l’emploi, dans la mesure où les individus sont moins disponibles pour initier des démarches actives de recherche (avec, six mois après l’entrée en formation, des chances de retour à l’emploi identiques entre personnes formées et non formées), le bénéfice devient manifeste au bout de deux ans, avec un net avantage comparatif.

 

Le type de formation, lui aussi, génère des résultats différents selon le calendrier de l’évaluation. Schématiquement, les formations courtes de préparation à l’emploi favorisent un retour plus rapide à l’emploi que les formations plus longues visant à acquérir des compétences. Toutefois, sur le long terme, ces dernières assurent un effet plus durable, avec des retours moins fréquents vers le chômage et des gains salariaux plus élevés. Ce regard dans la durée est intéressant à l’heure où l’action politique exige des réponses de plus en plus rapides.

 

L’IMPORTANCE DES FACTEURS EXOGÈNES

 

Pour évaluer correctement les formations, il faut aussi garder à l’esprit qu’il existe une grande quantité de facteurs externes qui viennent complexifier, voire rendre impossible la mise en évidence d’un lien de causalité entre la formation suivie par un individu et sa situation professionnelle ultérieure.

 

Ces facteurs peuvent être individuels : genre, origine sociale, âge, lieu de résidence, situation familiale, niveau de formation, passé professionnel, état de santé… Ou encore ces facteurs peuvent tenir au projet de la personne formée, à son engagement, à l’adhésion volontaire ou non à l’action de formation, dans la mesure où la qualité d’une formation se fabrique dans la rencontre entre les parties prenantes.

 

Par ailleurs, l’environnement professionnel et économique joue lui aussi un rôle déterminant. Chaque secteur a ses modes de gestion et de recrutement de la main-d’œuvre, ses priorités stratégiques, ses besoins en compétences et en personnes formées, et tout cela évolue en permanence.

 

COMPARER LES FAÇONS DE FORMER

 

Enfin, il faut se rappeler que des formations identiques en termes d’acquisitions cibles peuvent emprunter des formats pédagogiques différents, avec potentiellement une valeur ajoutée différente. Les atouts de l’apprentissage par rapport à la voie scolaire sont ainsi établis de longue date, avec notamment une insertion plus rapide, et d’autres bénéfices dont la nature et l’intensité varient selon le niveau de qualification.

 

Il semble également, selon des études exploratoires, que les actions de formation en situation de travail (AFEST) aient leurs bénéfices propres. Elles accéléreraient le rythme d’acquisition des savoirs, afficheraient un niveau élevé de pertinence des compétences produites au regard de celles requises dans le travail, ou encore tendraient à « dédramatiser » le rapport à la formation. Toutefois, cette évaluation reste à renforcer, de même que pour les formations numériques : si celles-ci sont prometteuses en matière de renouvellement des pédagogies, le distanciel fait encore l’objet de représentations fantasmées et clivées.

 

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